Promener dans la campagne et croiser un cheval paisible dans son pré est toujours un moment agréable. Beaucoup d’entre nous ressentent l’envie irrésistible de s’approcher de ces majestueux animaux, souvent pour leur donner une friandise. Cependant, nourrir un cheval ne s’improvise pas, car leur système digestif est bien plus fragile qu’il n’y paraît. Voici un guide détaillé pour vous aider à comprendre pourquoi certains aliments peuvent être dangereux, voire toxiques, pour les chevaux, et comment les éviter pour leur bien-être.
Le Système Digestif Fragile du Cheval
Contrairement à ce que l’on pourrait penser en regardant ces grands animaux, le système digestif des chevaux est extrêmement délicat. Ce sont des herbivores monogastriques, ce qui signifie qu’ils ne ruminent pas comme les vaches et n’ont qu’un seul estomac, relativement petit par rapport à leur taille. Leur estomac peut contenir entre 15 et 18 litres, une capacité limitée si l’on compare à leur taille et à leur besoin énergétique. De plus, les chevaux produisent de la bile en continu, ce qui signifie qu’ils doivent manger fréquemment, en petites quantités.
Le cheval est un animal qui doit mâcher longuement ses aliments. La mastication permet de produire de la salive, contenant une enzyme digestive appelée amylase, qui joue un rôle crucial dans la digestion des glucides et aide à protéger les parois de l’estomac en régulant l’acidité. Si cette étape est perturbée, cela peut causer de graves problèmes digestifs, notamment des coliques, qui peuvent s’avérer mortelles sans intervention rapide.
L’Importance de la Salive et de la Mastication
Comme mentionné, la salivation est essentielle pour la digestion chez les chevaux. Contrairement aux humains ou aux ruminants, leur système digestif ne produit pas d’amylase directement dans l’intestin, ce qui fait de la salive un élément crucial pour leur métabolisme. Si un cheval n’a pas suffisamment de salive pour imbiber les aliments, cela peut créer une surproduction d’acides dans l’estomac, provoquant des ulcères ou d’autres complications digestives.
Coliques : Un Danger Permanent
Les coliques sont un des problèmes les plus courants chez les chevaux et l’une des principales causes de décès. Ce trouble digestif peut être causé par de nombreux facteurs, notamment une alimentation inappropriée, une ingestion rapide d’aliments ou des substances difficiles à digérer. Il est donc essentiel de bien choisir ce que l’on donne à manger à un cheval pour prévenir ces crises douloureuses.
Les Problèmes Liés aux Promeneurs Bien Intentionnés
Les chevaux étant des animaux curieux et gourmands, ils acceptent souvent volontiers ce que les promeneurs leur tendent. Pourtant, ces gestes bien intentionnés peuvent causer des dommages irréparables. Imaginez un cheval dans un pré en bordure d’un chemin de promenade très fréquenté. À chaque passage, les promeneurs lui offrent des friandises sans se douter des risques encourus. À la longue, cela peut non seulement perturber son régime alimentaire, mais aussi causer des problèmes digestifs graves, nécessitant parfois une intervention vétérinaire d’urgence.
Il est également fréquent que des passants, voyant un cheval avec les côtes apparentes, concluent qu’il est affamé. Pourtant, ce n’est peut-être qu’un vieux cheval ou un animal malade suivant un régime alimentaire spécifique. Leur offrir de la nourriture “pour l’aider” peut empirer son état de santé. Un tel malentendu peut coûter plusieurs milliers d’euros en soins vétérinaires et mettre en danger la vie du cheval.
Les Aliments à Bannir du Régime du Cheval
Les chevaux, en tant qu’herbivores, ont besoin d’une alimentation composée principalement d’herbe et de fourrage. Dans leur régime naturel, on retrouve :
- Herbe fraîche pâturée : Le cheval peut manger entre 50 et 100 kg d’herbe par jour, selon sa taille et ses besoins.
- Fourrages conservés : Cela inclut le foin, l’enrubannage, l’ensilage, et parfois de la paille.
- Aliments concentrés : Il s’agit principalement de céréales ou de mélanges alimentaires enrichis en vitamines et minéraux.
Cependant, de nombreux aliments que nous considérons comme inoffensifs peuvent être très dangereux pour les chevaux. Voici quelques-uns des plus courants à éviter absolument :
Le Pain : Une Friandise Dangereuse
Bien que le pain semble être une friandise inoffensive, il est en réalité l’un des aliments les plus toxiques pour les chevaux. Le pain, surtout s’il est frais ou mou, contient beaucoup d’amidon, qui peut provoquer une obstruction œsophagienne, connue sous le nom de “bouchon œsophagien”. Ce type d’obstruction peut entraîner des complications graves, voire la mort si elle n’est pas traitée à temps. Le pain sec et dur est légèrement moins risqué, mais reste à éviter.
Les Pommes : À Manipuler avec Précaution
La pomme, souvent considérée comme un classique pour les chevaux, peut poser des problèmes si elle n’est pas donnée correctement. Donnée entière, elle peut provoquer des blocages dans l’œsophage, une situation connue sous le nom d’“empommage”. Il est donc impératif de couper la pomme en petits morceaux avant de la donner à un cheval et d’éviter d’en donner en trop grande quantité.
Les Carottes : Un Autre Risque Méconnu
Tout comme les pommes, les carottes peuvent causer des obstructions si elles ne sont pas coupées correctement. Il est recommandé de les couper dans le sens de la longueur plutôt qu’en rondelles, car ces dernières peuvent être avalées sans être mâchées, créant un risque de suffocation.
Les Épluchures de Légumes : Une Mauvaise Idée
Il n’est pas rare de retrouver des épluchures de légumes dans les prés, laissées par des personnes pensant bien faire. Or, les chevaux ne sont pas des poules ou des cochons, et leur système digestif ne peut pas traiter ce type de déchets alimentaires. Les épluchures peuvent provoquer des coliques, un risque à ne jamais sous-estimer.
Les Déchets de Tonte : Un Danger Sous-Estimé
Les déchets de tonte de gazon, bien qu’ils soient constitués d’herbe, peuvent être extrêmement dangereux pour les chevaux. En effet, ces déchets fermentent rapidement et peuvent provoquer de graves coliques. De plus, lors de la tonte, des plantes toxiques peuvent être coupées et mélangées à l’herbe, augmentant encore le risque d’intoxication.
La Prudence : Le Meilleur Conseil pour Nourrir un Cheval
Face à tous ces risques, le meilleur conseil que l’on puisse donner est de ne pas nourrir un cheval que vous ne connaissez pas. Même si l’intention est bonne, les conséquences peuvent être désastreuses. En vous abstenant de nourrir l’animal, vous lui épargnez potentiellement des complications graves, voire la mort. Si vous souhaitez tout de même interagir avec lui, une caresse douce et respectueuse est toujours une alternative sûre et appréciée.
Conclusion
Le système digestif des chevaux est plus délicat qu’il n’y paraît. Même si ces animaux nous semblent robustes, leur alimentation doit être strictement contrôlée pour éviter des problèmes de santé graves. Si vous croisez un cheval lors d’une promenade, gardez à l’esprit qu’un geste mal informé peut avoir des conséquences dramatiques. Laissez le soin de nourrir les chevaux à leurs propriétaires, qui connaissent les besoins spécifiques de leur compagnon.
En résumé, le pain, les pommes entières, les carottes non coupées, les épluchures de légumes et les déchets de tonte sont à bannir absolument de l’alimentation des chevaux. Une simple erreur peut conduire à des coliques ou à une obstruction œsophagienne, avec des conséquences potentiellement fatales. Soyez toujours prudent et informé avant d’offrir quoi que ce soit à un cheval.
