Les araignées fascinent et effraient, mais il existe un monde méconnu entre deux termes souvent confondus : la tarentule et la mygale. Pour les non-spécialistes, la distinction entre ces deux groupes d’araignées reste floue, voire inexistante. Pourtant, chacune appartient à un sous-ordre bien distinct, révélant des caractéristiques et des comportements uniques. Cet article vous propose de découvrir en profondeur les différences fondamentales entre ces créatures, de comprendre leur mode de vie et d’effacer les préjugés qui entourent ces araignées impressionnantes.
Comprendre la Classification : Mygalomorphae et Araneomorphae
Les araignées se divisent en deux sous-ordres principaux : Mygalomorphae et Araneomorphae. Les Mygalomorphae, auxquelles appartiennent les mygales, regroupent plus de 2 651 espèces, tandis que les Araneomorphae, sous-ordre auquel appartient la tarentule, comptent plus de 39 000 espèces. Cette diversité reflète des adaptations morphologiques et comportementales propres à chaque groupe.
1. Les Crochets Venimeux : Une Différence Structurale Essentielle
Les mygales, en tant que Mygalomorphae, possèdent des crochets venimeux articulés dans l’axe longitudinal du corps. Cela signifie que leurs crochets se déploient de manière parallèle, vers le bas, facilitant une attaque frontale. Les chélicères, situés près de la bouche, jouent un rôle vital dans cette articulation longitudinale. Ce type de structure est communément appelé “orthognathe”.
À l’inverse, les Araneomorphae, comme les tarentules, possèdent des chélicères perpendiculaires à l’axe du corps, un style de structure appelé “labidognathe”. Cette disposition permet aux crochets de se croiser en diagonale, un peu comme des pinces, rendant leur mode d’attaque différent de celui des mygales.
2. Différences de Silhouette : La Taille et l’Apparence des Mygales et des Araneomorphae
La forme et la taille constituent une autre différence notable entre ces deux groupes. Les mygales sont souvent plus trapues et possèdent un céphalothorax large et des pattes robustes. Bien que leur apparence velue et massive puisse susciter l’effroi, une vingtaine d’espèces de mygales vivent en France et sont en réalité inoffensives pour l’homme, leur taille ne dépassant pas 15 mm.
Quant aux Araneomorphae, elles adoptent un corps plus fin et élancé. Les tégénaires, par exemple, sont des Araneomorphae communes dans nos maisons, mesurant environ 18 mm de long pour les femelles. Bien que souvent plus petites, ces araignées possèdent une silhouette proportionnellement plus fine.
La Tarentule : Une Araignée-Loup Singulière
La tarentule est une espèce fascinante appartenant à la famille des Lycosidae, aussi connue sous le nom d’araignée-loup. Cette créature impressionnante peuple les garrigues du sud de la France, d’Italie, des Balkans et d’autres régions méditerranéennes. Contrairement aux images populaires de la tarentule comme une araignée tropicale dangereuse, cette araignée mesure en réalité environ 30 mm (sans les pattes) et ne représente aucun danger pour l’homme.
Ce qui distingue la tarentule, c’est sa vision impressionnante avec huit yeux, disposés en trois rangées. Ces yeux, bien que présents, sont paradoxalement peu utiles pour la chasse. En effet, la tarentule se fie principalement aux vibrations pour détecter ses proies. Contrairement aux araignées qui tissent des toiles, la tarentule est une chasseuse nocturne qui préfère se tenir en embuscade près de son terrier.
Mode de Vie de la Tarentule : Entre Terriers et Chasse Nocturne
Comme la plupart des araignées de la famille des Lycosidae, la tarentule construit son terrier avec soin, utilisant des brindilles, de la terre et même de petits cailloux pour le consolider. Elle utilise également de la soie pour renforcer cette structure.
La tarentule femelle dépose ses œufs en fin d’été dans un cocon qu’elle garde précieusement jusqu’à l’éclosion. Les petits naissent en septembre, et la mère les porte sur son dos dans un sac soyeux jusqu’au printemps. Ce soin maternel est unique et exemplaire dans le monde des araignées.
Préjugés et Réalité : Les Mygales de France, des Géants Inoffensifs
Les mygales sont souvent perçues comme de grandes araignées tropicales venimeuses et dangereuses. Pourtant, les espèces présentes en France sont loin de cette image effrayante. Ces mygales mesurent généralement 15 mm ou moins et n’ont aucun effet nuisible sur les humains. Elles vivent discrètement, généralement dans des terriers, et ne sont actives qu’au crépuscule ou durant la nuit.
Leurs pattes luisantes et leur céphalothorax trapu leur confèrent un aspect robuste, mais leur venin est inoffensif pour les humains. En fait, ces araignées jouent un rôle écologique précieux en régulant les populations d’insectes, ce qui contribue à l’équilibre de leur environnement naturel.
Mygales et Tarentules : Des Rôles Écologiques Essentiels
Les mygales et les tarentules occupent des niches écologiques cruciales. En tant que prédateurs, elles régulent les populations d’insectes, évitant ainsi la prolifération d’espèces nuisibles. Leur présence dans les écosystèmes ruraux aide également à maintenir un équilibre naturel, tout en offrant une source de nourriture pour les oiseaux, les reptiles et certains mammifères.
Mygales et Mythes : Distinguer Fait et Fiction
Les mythes entourant les mygales et les tarentules ne sont pas nouveaux, et ces araignées ont longtemps fait l’objet de légendes et de croyances populaires. Par exemple, la danse tarentelle tire son nom de la tarentule italienne. Selon une ancienne légende, la morsure de la tarentule provoquait une sorte de folie ou de transe, que seul un mouvement de danse frénétique, la “tarentelle”, pouvait soulager.
En réalité, les morsures de tarentules européennes ne provoquent que de légers inconforts, sans danger réel pour la santé humaine. Quant aux mygales, leur venin est rarement assez puissant pour affecter un humain en dehors de cas exceptionnels et chez certaines espèces tropicales.
Apprendre à Coexister avec Nos Amis Arachnides
Les tarentules et les mygales, malgré leurs différences et leur apparence parfois intimidante, sont des acteurs essentiels de la biodiversité. Comprendre leurs comportements et leurs rôles dans l’écosystème nous aide à dépasser la peur instinctive qu’elles peuvent provoquer. En réalité, ces araignées méritent notre respect et notre protection.
Les observer, en apprendre davantage sur elles, et reconnaître leur importance dans l’équilibre de la nature nous permet de mieux apprécier la richesse de notre environnement. La prochaine fois que vous croiserez une araignée un peu plus imposante, souvenez-vous qu’elle joue un rôle vital dans la chaîne alimentaire et que, bien souvent, elle est bien plus effrayée que vous.