La coccinelle, ce petit insecte coloré que l’on retrouve dans nos jardins, est bien plus qu’un simple symbole de chance. Elle est un allié précieux pour tout jardinier, notamment grâce à son appétit féroce pour les pucerons et autres parasites nuisibles aux plantes. Connue sous différents noms comme “bête à bon Dieu”, la coccinelle joue un rôle essentiel dans l’équilibre des écosystèmes et mérite d’être mieux comprise et protégée.
Qui est la coccinelle ? Un portrait de cet insecte bienfaiteur
La coccinelle fait partie de la grande famille des coccinellidés, au sein de l’ordre des coléoptères. Il existe environ 6 000 espèces de coccinelles à travers le monde, bien que seules une centaine soient présentes en France. La plus répandue est sans doute la coccinelle à 7 points, appelée scientifiquement Coccinella septempunctata. On la trouve aussi bien dans les campagnes que dans les villes, pourvu qu’elle trouve suffisamment de pucerons pour se nourrir.
Contrairement à une idée répandue, le nombre de points sur le dos de la coccinelle n’indique pas son âge, mais dépend de son espèce. La coccinelle à 7 points, par exemple, tire son nom des sept taches noires présentes sur son dos rouge vif.
Pourquoi la surnomme-t-on “bête à bon Dieu” ?
Le surnom de “bête à bon Dieu” provient d’une légende datant du Moyen Âge. Un bourreau, sur le point d’exécuter un condamné, remarqua une coccinelle sur le cou de ce dernier. Après plusieurs tentatives pour la chasser, l’insecte revenait sans cesse se poser sur l’homme. Le roi, présent lors de la scène, interpréta cela comme un signe divin et gracia le condamné. Quelques jours plus tard, le véritable coupable fut découvert. Depuis, la coccinelle est perçue comme un porte-bonheur.
Où vit la coccinelle ?
Les coccinelles sont présentes sur tous les continents, à l’exception des zones polaires et des hautes altitudes où la neige couvre les terres toute l’année. En France, elles colonisent divers environnements : jardins, prairies, forêts, balcons, et même les villes. Elles préfèrent les endroits où les pucerons abondent, car ces insectes constituent leur principale source de nourriture.
Des habitats variés selon les espèces
Certaines espèces de coccinelles ont des habitats très spécifiques. Par exemple, la coccinelle ocellée se trouve généralement sur les conifères, tandis que la coccinelle à 22 points préfère les chênaies. Elles sont surtout actives de mars à octobre, mais en hiver, elles se réfugient dans des abris naturels comme la mousse, les feuilles mortes, les fissures de bâtiments ou sous l’écorce des arbres pour hiberner.
Que mangent les coccinelles ? Un régime varié selon les espèces
Les coccinelles sont souvent regroupées en fonction de leur régime alimentaire. Si la plupart d’entre elles se nourrissent d’autres insectes nuisibles, certaines espèces sont végétariennes ou même fongivores.
1. Les coccinelles aphidiphages : les dévoreuses de pucerons
Les coccinelles aphidiphages sont les plus connues, et pour cause : elles se nourrissent principalement de pucerons. Un seul adulte peut consommer jusqu’à 100 pucerons par jour ! Ces coccinelles, comme la célèbre coccinelle à 7 points, sont extrêmement utiles pour protéger les cultures contre les infestations. En plus des pucerons, elles consomment également du pollen et du nectar pour compléter leur alimentation.
2. Les coccinelles phytophages : un régime végétal
Les coccinelles phytophages, quant à elles, se nourrissent de plantes. Si elles peuvent parfois causer des dommages aux cultures, elles restent minoritaires par rapport aux espèces prédatrices.
3. Les autres régimes : champignons, cochenilles et acariens
Certaines coccinelles sont spécialisées dans la consommation de champignons (coccinelles mycophages), tandis que d’autres préfèrent les aleurodes (mouches blanches) ou encore les cochenilles. Ces dernières, appelées coccinelles coccidiphages, sont particulièrement appréciées dans les vergers et les oliveraies où elles régulent les populations de cochenilles.
Les caractéristiques physiques des coccinelles : de petites merveilles de la nature
Les coccinelles sont facilement reconnaissables à leur dos bombé et coloré. Elles mesurent généralement entre 1 et 1,5 cm, bien que certaines espèces puissent être beaucoup plus petites, atteignant à peine 1 mm.
Une diversité de couleurs et de motifs
La couleur classique de la coccinelle est le rouge avec des points noirs, mais certaines peuvent être jaunes, noires ou même orangées. Le nombre de points varie en fonction des espèces et non de leur âge, comme on le croit parfois.
Un système de défense coloré
La couleur vive de la coccinelle n’est pas seulement esthétique ; elle a également une fonction défensive. Ce phénomène, appelé aposématisme, sert à avertir les prédateurs de la toxicité de la coccinelle. Lorsque la coccinelle se sent menacée, elle sécrète un liquide jaune orangé (hémolymphe) contenant des substances toxiques. Ce liquide peut provoquer des irritations chez ses prédateurs, les incitant à éviter de la consommer à l’avenir.
La reproduction de la coccinelle : un cycle de vie fascinant
Les coccinelles suivent un cycle de vie complet, passant par plusieurs étapes avant d’atteindre l’âge adulte : œuf, larve, nymphe, puis adulte.
La ponte des œufs
Après l’accouplement, la femelle pond ses œufs jaunes sur une feuille infestée de pucerons. En quelques jours (généralement entre 4 et 7 jours), les œufs éclosent, et les petites larves commencent immédiatement à se nourrir de pucerons.
Le stade larvaire : une voracité incroyable
Les larves de coccinelles sont des prédateurs redoutables. En 21 jours, une seule larve peut dévorer jusqu’à 3 200 pucerons ! Pendant cette période, elles se nourrissent de manière intensive, stockant ainsi suffisamment de nutriments pour leur transformation.
La nymphose : le passage à l’âge adulte
Après avoir atteint une certaine taille, la larve se transforme en nymphe, se fixant sous une feuille pour se métamorphoser. Cette phase dure environ une semaine. Une fois la nymphose achevée, la coccinelle adulte émerge, d’abord de couleur jaune, avant de prendre sa teinte rouge caractéristique.
La coccinelle, un insecte grégaire ?
Contrairement aux abeilles ou aux fourmis, les coccinelles ne sont pas considérées comme des insectes grégaires. Elles vivent généralement de manière solitaire et chassent seules. Cependant, lors de la période d’hivernation, certaines espèces de coccinelles se regroupent en grands nombres pour se protéger du froid. Ces regroupements ne constituent toutefois pas de véritables colonies organisées.
Les prédateurs de la coccinelle : des ennemis redoutables
Bien que la coccinelle soit protégée par son système de défense chimique, elle a tout de même des prédateurs naturels. Parmi eux, on trouve :
- Les oiseaux insectivores comme les étourneaux, mésanges et moineaux ;
- Les araignées, qui capturent les coccinelles dans leurs toiles ;
- Les mantes religieuses et certaines punaises ;
- Les guêpes parasitoïdes, qui pondent leurs œufs à l’intérieur de la coccinelle. Les larves de guêpes se nourrissent ensuite de l’insecte de l’intérieur.
Pourquoi la coccinelle est-elle si populaire ?
La coccinelle est sans doute l’un des insectes les plus appréciés, et ce, pour plusieurs raisons. En plus d’être esthétiquement agréable, elle est surtout incroyablement utile. Elle est un véritable auxiliaire du jardinier, car elle aide à contrôler les populations de pucerons et autres parasites de manière naturelle.
Dans les pratiques d’agriculture biologique, les coccinelles sont couramment utilisées pour remplacer les pesticides chimiques. Il est même possible d’acheter des œufs ou des larves de coccinelles dans les jardineries pour les introduire dans son jardin.
Comment encourager les coccinelles à rester dans votre jardin ?
Si vous souhaitez que les coccinelles s’installent durablement dans votre jardin, voici quelques conseils pratiques :
- Plantez des fleurs riches en nectar, comme le trèfle ou la bourrache, pour attirer les coccinelles adultes.
- Limitez l’utilisation des pesticides, qui peuvent tuer les coccinelles ou leur nourriture (les pucerons).
- Installez un hôtel à insectes, où les coccinelles pourront passer l’hiver en toute sécurité.
En suivant ces conseils, vous encouragerez la biodiversité dans votre jardin et protégerez vos plantes des parasites.
Conclusion : La coccinelle, un trésor du jardin
La coccinelle est bien plus qu’un simple insecte coloré que l’on apprécie pour son apparence. C’est un véritable atout pour tout jardinier soucieux de protéger ses cultures de manière naturelle et respectueuse de l’environnement. En apprenant à mieux connaître et à préserver cet insecte, nous participons activement à la protection de la biodiversité et à l’équilibre de nos écosystèmes.
Alors, la prochaine fois que vous apercevrez une coccinelle, souvenez-vous de tout le bien qu’elle fait pour votre jardin et pour la nature !
