La mouche charbonneuse, également appelée stomoxe ou “mouche des étables”, est un véritable cauchemar pour les éleveurs. Contrairement aux mouches ordinaires, le stomoxe se nourrit de sang et inflige des piqûres douloureuses aux animaux, mais aussi, parfois, aux humains. Ces mouches sont particulièrement redoutées par les agriculteurs pour les infections qu’elles peuvent véhiculer, nuisant gravement aux animaux d’élevage et aux personnes qui vivent dans des zones rurales.
Qu’est-ce que la mouche charbonneuse ?
La mouche charbonneuse, de son nom scientifique Stomoxys calcitrans, appartient à la famille des muscidés, et elle est bien différente de la mouche domestique que nous connaissons tous. Elle possède une répartition cosmopolite, ce qui signifie qu’on la retrouve partout dans le monde, contrairement aux autres espèces de son genre qui se concentrent dans les régions tropicales. Avec un corps de 6 à 8 mm de longueur, cette mouche n’est pas facilement identifiable par le grand public. Pourtant, un détail la rend redoutable : son appareil buccal parfaitement conçu pour percer la peau et prélever du sang.
Le terme “charbonneuse” provient de son implication dans la propagation de la fièvre charbonneuse, une infection bactérienne sérieuse pour les animaux. En se nourrissant du sang de ses hôtes, le stomoxe crée un cycle de transmission de maladies qui peuvent être dangereuses aussi bien pour les animaux que pour les humains.
À quoi ressemble la mouche charbonneuse ?
Bien que le stomoxe ressemble à première vue à une mouche domestique (Musca domestica), plusieurs caractéristiques permettent de les différencier. La mouche charbonneuse possède des yeux rouges et bruns et un corps gris marqué de bandes sombres, notamment sur le thorax et l’abdomen. Elle se distingue aussi par une nervation alaire spécifique, et sa position au repos est toujours tête en bas, contrairement à la mouche domestique, qui repose tête en haut.
Le trait le plus distinctif reste cependant sa trompe, un appendice robuste et visible qui lui sert à percer la peau. Contrairement à la mouche domestique, dont la trompe est conçue pour aspirer des liquides, celle du stomoxe est équipée pour piquer. Composée de trois éléments distincts – le labium, le labre et l’hypopharynx –, cette trompe est faite pour infliger des blessures, injectant d’abord de la salive pour fluidifier le sang et faciliter l’aspiration.
Où vit la mouche charbonneuse ?
Les stomoxes se retrouvent principalement dans les zones d’élevage des animaux comme les chevaux, les bovins, les ovins, et les chèvres, partout dans le monde. Dans les zones tempérées, ils sont plus fréquents d’avril à octobre, correspondant à la saison de reproduction. Ils s’installent souvent à proximité des exploitations agricoles, tirant parti des fumiers et des crottins pour le développement de leurs larves.
Pourquoi le stomoxe s’installe-t-il près du bétail ?
Cette espèce hématophage se nourrit du sang des animaux vivants. Ainsi, la présence du bétail est indispensable pour sa survie. Les stomoxes peuvent vivre en petites colonies autour des fermes, profitant des excréments des animaux pour déposer leurs œufs et permettre le développement de leurs larves coprophages. Celles-ci se nourrissent des déjections animales, facilitant ainsi leur croissance.
À la différence d’autres mouches, après avoir piqué un animal ou un humain, le stomoxe aime se poser dans des zones ensoleillées comme les troncs d’arbres, les murs ou même les fenêtres des maisons proches. Bien qu’ils se nourrissent principalement de sang, ils consomment aussi du nectar et du pollen pour s’approvisionner en sucres nécessaires à leur survie.
La mouche charbonneuse pique-t-elle les humains ?
Bien que ses proies favorites soient les ânes, chevaux, vaches, moutons et chèvres, le stomoxe n’hésite pas à piquer les humains, les chiens et tout animal qui se trouve sur son chemin. Contrairement à d’autres mouches, elle a une activité diurne et un comportement agressif, s’attaquant sans distinction à tout être vivant qu’elle croise.
Le stomoxe cible généralement les jambes des animaux et des humains, là où la peau est fine et les vaisseaux sanguins plus proches de la surface. Ses piqûres provoquent des boutons douloureux qui peuvent démanger pendant plusieurs jours.
Quels sont les dangers des piqûres de stomoxe ?
La piqûre de la mouche charbonneuse ne se limite pas à une simple démangeaison : elle peut être vectrice de plusieurs maladies sérieuses. En effet, le stomoxe est capable de transmettre diverses infections bactériennes, virales et parasitaires aux animaux de ferme et, dans certains cas, aux humains. Parmi ces maladies, on retrouve la fièvre charbonneuse, la fièvre aphteuse, la peste porcine africaine, la fièvre de la Vallée du Rift et l’anémie infectieuse.
Les animaux de ferme, notamment les bovins, peuvent être gravement affectés par ces maladies, ce qui entraîne une baisse de productivité et une augmentation des coûts pour les éleveurs. Dans les cas extrêmes, des animaux peuvent même succomber aux infections transmises par cette mouche. Pour les agriculteurs, la présence de stomoxes représente un stress permanent, d’autant plus qu’il est difficile de les éliminer totalement.
Impacts de la mouche charbonneuse sur les élevages
Outre les maladies qu’elle transmet, la mouche charbonneuse cause un harcèlement incessant aux animaux, perturbant leur alimentation et leur repos. Des études réalisées à l’île de La Réunion ont montré qu’un seul bovin pouvait perdre jusqu’à 1 litre de sang par jour en raison des piqûres de stomoxe, entraînant des répercussions économiques sérieuses. Les troupeaux exposés à une forte infestation de stomoxes montrent souvent des signes de stress, une perte de poids, et une diminution de la production de lait pour les vaches laitières.
Les animaux stressés deviennent moins productifs et nécessitent plus de soins, ce qui alourdit les charges pour les éleveurs. Pour de nombreux exploitants, la lutte contre les stomoxes est devenue un combat quotidien pour protéger leurs animaux.
Quelle est la durée de vie de la mouche charbonneuse ?
Comme beaucoup d’insectes, la mouche charbonneuse passe par plusieurs étapes dans son cycle de vie : œuf, larve, nymphe, puis adulte. La femelle fécondée pond ses œufs dans le fumier ou dans tout autre matériau organique souillé, où les larves pourront se nourrir et grandir.
Un cycle de vie adapté aux conditions climatiques
La durée de vie d’un stomoxe dépend de la température ambiante. En moyenne, ce cycle dure environ 60 jours lorsqu’il fait 15 °C, mais il peut être aussi court que 12 jours si la température atteint 30 °C. Ce cycle rapide permet une prolifération importante de cette espèce, rendant le contrôle des stomoxes d’autant plus difficile.
Comment se protéger des piqûres de la mouche charbonneuse ?
Pour les éleveurs, il est crucial de prendre des mesures pour protéger le bétail des stomoxes. Voici quelques astuces pour réduire leur présence autour des élevages :
- Hygiène des lieux : Maintenir les étables propres et bien aérées pour éviter l’accumulation de fumier et d’autres matières organiques qui attirent les stomoxes.
- Utilisation de répulsifs naturels : L’huile essentielle de citronnelle et les pièges lumineux peuvent être utilisés pour dissuader les mouches charbonneuses de s’approcher des animaux et des zones de vie.
- Mise en place de moustiquaires et de barrières physiques : Les filets et moustiquaires aident à réduire l’accès des mouches aux animaux, en particulier dans les endroits où les animaux se reposent.
En adoptant ces bonnes pratiques, les éleveurs peuvent limiter l’impact des stomoxes sur leurs animaux et éviter les pertes économiques.