L’évocation de mygales suffit souvent à faire frémir les arachnophobes. Mais saviez-vous que l’on peut rencontrer certaines espèces de mygales en France ? Si cela vous surprend, laissez-moi vous guider dans l’univers de ces fascinantes araignées qui, malgré leur réputation intimidante, sont bien plus inoffensives que vous ne le pensez.
Mygales : Qu’est-ce Que C’est Exactement ?
Quand on parle de « mygales », on fait référence à un sous-ordre d’araignées, les Mygalomorphae, qui englobe les plus grosses araignées terrestres. Ces araignées sont reconnaissables à leurs chélicères (crochets) orientés vers l’avant, une spécificité qui distingue les mygales des autres araignées. Elles sont pour la plupart nocturnes et dotées de deux paires de poumons feuilletés, ce qui leur confère une apparence massive.
Crédit photo : Danny Steaven
Les mygales regroupent un nombre impressionnant d’espèces : plus de 2 600 réparties en 15 familles et 321 genres ! Contrairement aux idées reçues, la majorité de ces araignées ne sont pas dangereuses pour l’Homme. Leur venin est conçu pour immobiliser de petites proies et rares sont les espèces dont le venin est assez puissant pour infliger des symptômes graves aux humains. De plus, les mygales préfèrent généralement les climats tropicaux, bien que certaines d’entre elles se soient adaptées aux régions tempérées, y compris la France.
Les Mygales en France : Qui Sont-elles ?
Les mygales présentes en France ne sont pas aussi imposantes que leurs cousines tropicales et sont même relativement discrètes. Voici un tour d’horizon des principales espèces de mygales françaises.
1. La Mygale Commune (Atypus affinis)
La mygale commune, ou Atypus affinis, est probablement l’espèce de mygale la plus répandue en France. Cette araignée est petite, mesurant entre 7 et 15 mm selon le sexe, et elle est souvent surnommée « mygale à chaussette » en raison de sa toile en forme de tube, qu’elle construit au sol. Ce tube lui sert de refuge et lui permet de capturer ses proies en ressentant les vibrations à travers la soie.
Le comportement de cette mygale est étonnamment solitaire. La femelle reste la plupart du temps dans son terrier, ne le quittant que rarement. L’accouplement se déroule généralement en hiver, et après la reproduction, le mâle meurt rapidement, tandis que la femelle pond ses œufs dans un cocon soigneusement tissé. Les jeunes passent un an avec leur mère avant de partir. Bien que cette mygale possède des crochets, son venin est sans danger pour l’Homme.
2. La Mygale Maçonne (Nemesia caementaria)
Originaire du sud de la France, notamment dans les Pyrénées-Orientales, l’Aude et l’Hérault, la mygale maçonne (Nemesia caementaria) est un autre spécimen typiquement français. Les mâles mesurent jusqu’à 12 mm, tandis que les femelles peuvent atteindre 20 mm. Leur surnom, « mygale maçonne », vient de leur habitude de sceller l’entrée de leur terrier avec un mélange de soie et de terre, surtout durant les mois d’été où elles estivent.
Ces mygales sont des chasseuses passives, elles attendent que des proies passent à proximité de leur terrier pour les attraper. Bien qu’elles soient plus grandes que d’autres espèces locales, elles ne sont ni agressives ni dangereuses pour les humains.
3. La Nemesia Simoni
Cette mygale se trouve également dans certaines régions de France. Les mâles atteignent environ 15 mm, tandis que les femelles sont plus grandes, mesurant jusqu’à 25 mm. Elle passe l’essentiel de sa vie dans un terrier, où elle se nourrit des insectes qui traversent sa toile. Les femelles sont particulièrement protectrices de leur cocon et peuvent adopter une posture défensive si elles sentent une menace.
4. La Nemesia Dubia
La Nemesia dubia est une cousine de la Nemesia simoni et de la Nemesia caementaria, vivant également dans les sols meubles. Les mâles mesurent entre 10 et 12 mm, et les femelles peuvent atteindre 15 mm. Bien que leur morsure ne soit pas dangereuse pour les humains, elles mordent rarement et ne sont pas agressives, préférant rester cachées dans leur terrier.
5. La Mygale Pionnière (Cteniza sauvagesi)
Connue sous le nom de Cténize Corse, cette mygale vit principalement en Corse, mais elle peut être trouvée dans des milieux ouverts comme les murets, les talus, et même dans les oliveraies. Les femelles peuvent atteindre 38 mm et sont reconnaissables à leur corps trapu et brun foncé. En cas de danger, la femelle se ferme hermétiquement dans son terrier grâce à un clapet de soie et de terre.
Bien que leur apparence puisse intimider, leur venin est inoffensif pour l’Homme. En cas de menace, elles se tiennent souvent sur la défensive en levant leurs pattes avant, mais elles préfèrent éviter tout conflit.
6. La Cteniza Moggridgei
La Cteniza moggridgei, une cousine de la Cténize Corse, est présente dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les femelles atteignent jusqu’à 18 mm et sont très similaires en apparence et en comportement à la Cteniza sauvagesi. Elles ne sont pas dangereuses pour l’Homme et ne mordent que lorsqu’elles sont provoquées.
7. La Mygale Andalouse (Macrothele calpeiana)
La mygale andalouse, aussi appelée Macrothele calpeiana, est la plus grande mygale présente en France. Originaire d’Andalousie, elle a été introduite en France par l’importation d’oliviers et se trouve principalement dans les jardins et les champs d’oliviers. Les femelles mesurent jusqu’à 35 mm et les mâles, environ 27 mm. Bien que sa morsure puisse être douloureuse et causer des symptômes bénins, son venin est loin d’être fatal.
8. La Malmignatte (Latrodectus tredecimguttatus)
Plus connue sous le nom de « veuve noire d’Europe », la Malmignatte est une araignée particulièrement discrète, présente surtout dans le sud de la France et en Corse. Contrairement aux autres mygales, son venin contient une neurotoxine puissante, l’a-latrotoxine, qui peut causer des spasmes musculaires et des douleurs intenses. Bien qu’elle soit dangereuse, elle attaque rarement, sauf si elle se sent menacée ou piégée.
Mygales Françaises : Dangereuses ou Inoffensives ?
Malgré leurs noms exotiques et leur réputation parfois intimidante, les mygales présentes en France ne sont pas aussi redoutables qu’on pourrait le penser. La plupart sont de petites créatures solitaires qui préfèrent rester cachées dans leurs terriers et éviter les interactions avec les humains. Seule la Malmignatte peut présenter un danger réel pour l’Homme, mais les cas d’envenimation restent rares.
Les mygales françaises, bien que méconnues, sont essentielles pour la biodiversité locale. Elles contrôlent les populations d’insectes, jouant un rôle important dans l’écosystème. En France, elles sont des indicateurs de la santé de leur environnement, leur présence suggérant des habitats naturels peu perturbés.
Conclusion : Apprécier les Mygales pour Ce Qu’elles Sont
Les mygales, malgré leur allure intimidante, sont des créatures remarquables qui ont un rôle crucial dans notre environnement. En apprenant à mieux les connaître, on peut surmonter une partie de la peur qu’elles inspirent. Alors, la prochaine fois que vous croisez l’une de ces fascinantes araignées, souvenez-vous qu’elles préfèrent rester à l’écart et qu’elles contribuent au bon fonctionnement de la nature.
Les mygales françaises sont inoffensives et méritent d’être respectées et protégées, car elles font partie intégrante de notre biodiversité.
