L’amour que nous portons à nos animaux de compagnie est souvent inconditionnel, et pour de nombreuses personnes âgées, ils représentent bien plus qu’un simple compagnon. Ils sont une présence réconfortante, un lien avec le monde extérieur et une source inépuisable d’affection. Alors, que se passe-t-il lorsque la vie conduit un senior à entrer dans un Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ? Jusqu’à présent, ces établissements interdisaient souvent la présence des animaux, créant ainsi une séparation douloureuse pour les résidents. Mais cela pourrait bientôt changer grâce à un projet novateur de l’association Terpta, qui milite pour l’intégration des animaux de compagnie en Ehpad.
Pourquoi ce projet est-il important ?
Être séparé de son animal lorsqu’on entre en Ehpad est souvent un véritable choc émotionnel, aussi bien pour la personne âgée que pour l’animal. Pour les seniors, ces compagnons à quatre pattes sont bien souvent la dernière connexion avec leur vie quotidienne, et se retrouver soudainement coupé de cet amour inconditionnel peut renforcer le sentiment d’isolement. Quant aux animaux, perdre leur maître représente également un traumatisme, et dans certains cas, cela conduit à des situations tragiques comme l’euthanasie en l’absence de famille d’accueil.
Dans cette optique, le projet de Terpta a pour objectif non seulement de maintenir ce lien vital entre les résidents et leurs animaux, mais aussi de contribuer à l’amélioration de leur bien-être général, réduisant ainsi l’isolement social qui peut résulter de l’entrée en institution.
Un projet ambitieux porté par Terpta
L’association Terpta, récemment fondée et parrainée par des personnalités telles que l’écrivain Henry-Jean Servat et l’iconique défenseuse des animaux Brigitte Bardot, s’est fixée un objectif simple : permettre aux personnes âgées résidant en Ehpad de conserver leur animal de compagnie avec elles. Inspirée par la célèbre citation de Saint-Exupéry, “Tu es responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé”, Terpta milite pour que plus jamais un maître ne soit séparé de son compagnon à quatre pattes.
Les premiers pas du projet
Bien que le projet n’en soit qu’à ses débuts, l’association envisage déjà de lancer un établissement pilote, une sorte de modèle à suivre pour d’autres Ehpad qui souhaiteraient à l’avenir adopter cette démarche. En plus de maintenir le lien affectif entre les seniors et leurs animaux, cela permettrait également de limiter le nombre d’animaux abandonnés ou euthanasiés en raison de l’incapacité de trouver une nouvelle famille.
Cependant, pour que cela devienne une réalité à grande échelle, plusieurs défis logistiques doivent être relevés.
Comment financer un tel projet ?
Coût pour les établissements
Il est évident qu’une telle initiative entraîne des coûts supplémentaires pour les Ehpad. Selon les estimations de Terpta, le coût total annuel par établissement pourrait se situer entre 12 500 et 25 000 euros. La moitié de ces frais serait à la charge des Ehpad, l’autre moitié étant couverte par l’association elle-même, notamment grâce aux dons et aux partenariats avec des mutuelles animalières.
Un appel à la solidarité
L’objectif de Terpta est que ces coûts ne viennent pas alourdir les dépenses déjà importantes des Ehpad et des résidents. C’est pourquoi l’association compte sur l’aide de bénévoles pour la gestion quotidienne des animaux. Par exemple, des jeunes effectuant leur Service National Universel (SNU) pourraient prêter main-forte en prenant soin des animaux tout en étant encadrés par des auxiliaires vétérinaires qualifiés. Cette initiative vise à assurer que les soins et l’attention dont les animaux ont besoin ne reposent pas uniquement sur le personnel déjà surchargé des Ehpad.
Une évaluation comportementale nécessaire
Avant l’intégration d’un animal dans un Ehpad, une évaluation comportementale réalisée par un vétérinaire comportementaliste serait indispensable. Cette étape garantirait que les animaux introduits dans ces structures sont bien adaptés à la vie en communauté, qu’ils ne présentent pas de comportements agressifs, et qu’ils pourront vivre paisiblement avec les autres résidents.
Les bénéfices des animaux de compagnie pour les seniors en Ehpad
L’impact émotionnel positif des animaux
Il est bien documenté que les animaux de compagnie apportent de nombreux bénéfices émotionnels et psychologiques à leurs maîtres, et cela est d’autant plus vrai pour les personnes âgées. Les animaux jouent un rôle clé en réduisant le sentiment de solitude et d’isolement, en améliorant l’humeur et en favorisant les interactions sociales. Dans le contexte d’un Ehpad, ces bienfaits prennent une importance toute particulière, car les résidents sont souvent confrontés à des situations de détresse émotionnelle dues à la perte d’autonomie ou à l’éloignement de leurs proches.
Amélioration des capacités cognitives et physiques
Les études ont montré que la présence d’un animal de compagnie peut également avoir des effets bénéfiques sur la santé physique et cognitive des personnes âgées. En stimulant leur activité quotidienne, que ce soit par la promenade de leur chien ou les soins apportés à leur chat, les résidents conservent une forme de routine et d’engagement physique. Cela peut également ralentir la progression de certaines maladies dégénératives, comme la démence ou la maladie d’Alzheimer.
Les Ehpad et la zoothérapie
Certains Ehpad, même avant le projet de Terpta, ont déjà compris l’importance de la présence animale dans les soins apportés aux seniors. En partenariat avec des zoothérapeutes locaux, ces établissements permettent à leurs résidents de bénéficier de séances régulières où des animaux spécialement formés aident à stimuler leurs sens, apaiser leur anxiété et encourager des comportements positifs. Le projet de Terpta pourrait aller encore plus loin en permettant aux seniors de vivre en permanence avec leur animal.
Une idée novatrice mais avec des défis à relever
Bien que ce projet soit porteur d’espoir, il n’est pas sans défis. D’abord, il est essentiel de s’assurer que la présence des animaux dans les Ehpad ne perturbera pas la tranquillité et la sécurité des autres résidents. Tous les résidents ne sont pas forcément à l’aise avec les animaux, et certains peuvent même en avoir peur ou être allergiques. Il est donc crucial de mettre en place des mesures pour équilibrer les besoins et les préférences de chacun.
De plus, l’aspect financier ne doit pas être négligé. Si Terpta et d’autres associations similaires réussissent à couvrir une partie des coûts, il reste important de s’assurer que ces dépenses supplémentaires ne pèsent pas sur les familles des résidents ou n’entraînent pas une augmentation du coût de la prise en charge en Ehpad.
Témoignages : l’importance de l’animal dans la vie des seniors
L’histoire de Marie et de son chat Félix
Prenons l’exemple de Marie, 82 ans, qui a dû se séparer de son chat Félix lorsqu’elle est entrée en Ehpad. Ce chat, qui avait partagé sa vie pendant plus de 10 ans, représentait pour elle un véritable soutien moral après le décès de son époux. Le jour où elle a dû le confier à une association, Marie raconte avoir ressenti une immense tristesse. “C’était comme perdre un membre de ma famille”, dit-elle. “Félix était tout ce qu’il me restait de ma vie d’avant, et le voir partir m’a brisé le cœur.”
Si le projet de Terpta avait été en place, Marie n’aurait jamais eu à vivre cette séparation douloureuse. Aujourd’hui, des milliers de seniors sont confrontés à la même situation, et ce projet pourrait être une véritable bouffée d’oxygène pour eux.
L’impact thérapeutique du chien de Jeanne
Un autre exemple est celui de Jeanne, une résidente d’un Ehpad qui a participé à un programme de zoothérapie. Tous les mercredis, elle attend avec impatience la visite de Rex, un Golden Retriever formé pour interagir avec des personnes âgées. Jeanne explique que ces moments avec Rex l’aident à se sentir “plus vivante” et lui donnent de la motivation pour affronter ses journées. “Quand je le vois, c’est comme si tout allait mieux, même mes douleurs semblent s’atténuer”, confie-t-elle.
Ces témoignages illustrent l’impact profond que peuvent avoir les animaux sur le bien-être des résidents en Ehpad. Le projet de Terpta pourrait permettre à de nombreux seniors de retrouver ce réconfort au quotidien, sans avoir à attendre les visites occasionnelles d’animaux thérapeutiques.
Conclusion
Permettre aux personnes âgées en Ehpad de conserver leur animal de compagnie représente une avancée majeure non seulement pour le bien-être des seniors, mais aussi pour la protection animale. Le projet de Terpta pourrait transformer la manière dont nous concevons les soins en Ehpad en intégrant pleinement le lien précieux entre les humains et les animaux. Bien qu’il reste des défis à relever, l’initiative est porteuse de nombreux espoirs pour les résidents et leurs compagnons à quatre pattes.
Alors que ce projet continue de se développer, espérons qu’il inspirera d’autres initiatives similaires et qu’un jour, tous les Ehpad pourront offrir à leurs résidents la possibilité de vivre avec leurs animaux de compagnie.
