Dans cet article, nous allons découvrir pourquoi, malgré son statut de protection partielle et son image touristique, la chasse à la marmotte est toujours autorisée dans certaines régions de France. Ce sujet, bien qu’il puisse sembler paradoxal, a des racines historiques profondes et des enjeux locaux à la fois culturels et écologiques.
Où trouve-t-on des marmottes en France aujourd’hui ?
Les marmottes, ces adorables rongeurs qui incarnent souvent l’image de la montagne pour beaucoup d’entre nous, sont particulièrement présentes dans les Alpes. C’est dans cette région que la marmotte vit depuis des siècles, occupant des terrains montagneux entre 800 et 3000 mètres d’altitude. Elle préfère les espaces ouverts où elle peut surveiller ses prédateurs et creuser des terriers dans des sols meubles, près de prairies ensoleillées et bien fournies. Le lien entre la marmotte et les Alpes est tellement fort que l’animal est devenu un symbole régional, souvent utilisé pour promouvoir le tourisme, que ce soit sur des affiches ou des souvenirs.
Cependant, les Alpes ne sont pas le seul endroit en France où l’on trouve des marmottes. Dans les Pyrénées, l’animal a été réintroduit en 1948 après avoir disparu de cette région pendant environ 10 000 ans. Cette réintroduction a eu lieu dans le Parc National de la Vallée de Luz, et depuis, la marmotte a prospéré dans cette région grâce à des programmes de conservation. Aujourd’hui, sa présence est même bénéfique à certaines espèces comme l’aigle royal ou le gypaète barbu, des oiseaux prédateurs qui dépendent en partie des marmottes pour se nourrir.
Dans le Massif Central, c’est une autre histoire. Les marmottes y ont été introduites à la demande de chasseurs qui souhaitaient diversifier les espèces de gibier dans les années 1980. Cette introduction, notamment dans des endroits comme le Sancy ou le Cantal, avait également une dimension touristique, permettant aux visiteurs de découvrir cette espèce dans une région où elle n’est pas naturellement présente.
Pourquoi chassait-on traditionnellement la marmotte ?
La chasse à la marmotte a une longue histoire dans les Alpes. Elle fait partie intégrante de la culture des communautés rurales montagnardes, où chaque ressource disponible était utilisée avec soin. La fourrure de la marmotte était particulièrement précieuse pour ses qualités isolantes, essentielle pour les habitants des montagnes froides qui devaient se protéger des rudes hivers. La viande, quant à elle, constituait une source de protéines non négligeable dans des périodes où les options alimentaires étaient limitées.
Au-delà de son utilisation alimentaire et vestimentaire, la marmotte était aussi prisée pour des raisons médicinales. Sa graisse était utilisée pour fabriquer des remèdes traditionnels, censés soulager des maux comme les douleurs musculaires et les rhumatismes. Ces pratiques témoignent d’une époque où la nature était non seulement une ressource, mais aussi une pharmacie à ciel ouvert pour les habitants des montagnes.
La protection légale de la marmotte
Aujourd’hui, la marmotte bénéficie d’un certain niveau de protection grâce à la Convention de Berne, un traité international qui vise à protéger la faune et la flore sauvage en Europe. Toutefois, cette protection n’est pas totale en France, contrairement à des pays comme l’Italie, où la chasse à la marmotte est interdite depuis 1992. En France, seules certaines espèces inscrites à l’annexe II de la Convention de Berne sont protégées de manière stricte, et la marmotte n’en fait pas partie. C’est pourquoi il est toujours possible de chasser cet animal dans certains départements, principalement dans les Alpes, à des périodes spécifiques de l’année.
Par exemple, dans des départements comme l’Isère, les Alpes-de-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes, la chasse à la marmotte est autorisée à partir de la mi-septembre pour environ un mois. Dans d’autres départements comme les Hautes-Alpes, la Savoie et la Haute-Savoie, la saison de chasse peut se prolonger jusqu’au début du mois de novembre.
Pourquoi chasse-t-on encore la marmotte aujourd’hui ?
Bien que la chasse à la marmotte soit aujourd’hui plus symbolique qu’essentielle pour la survie des communautés montagnardes, elle n’a pas complètement disparu. Certains chasseurs apprécient toujours la chair de la marmotte, et sur Internet, on peut trouver des recettes pour préparer cet animal, comme le civet de marmotte aux girolles. Cependant, il convient de noter que la consommation de viande de marmotte reste assez marginale, d’autant plus que d’autres sources de protéines animales sont aujourd’hui facilement accessibles.
D’autre part, il peut arriver que la marmotte pose des problèmes aux éleveurs, surtout lorsqu’elle creuse de nombreux terriers dans les pâturages. Cela peut parfois justifier une régulation de ses populations dans certaines zones.
Toutefois, la chasse à la marmotte reste une activité relativement limitée. Selon les fédérations de chasseurs, environ 1000 marmottes seraient tuées chaque année en France, ce qui en fait une pratique relativement confidentielle. Par exemple, lors de la saison 2021-2022, 427 marmottes auraient été abattues dans le département de Savoie, un chiffre fourni par la fédération départementale des chasseurs.
La marmotte, une espèce menacée ?
Bien que la marmotte ne soit pas actuellement classée parmi les espèces en danger, certains experts de la faune s’inquiètent de son avenir, en particulier en raison des effets du changement climatique. Depuis les années 1990, les scientifiques ont observé une diminution des chutes de neige dans les Alpes, ce qui pourrait avoir un impact sur la survie des marmottes pendant leur hibernation. En effet, la neige agit comme une couverture isolante pour les terriers, maintenant une température stable à l’intérieur. Avec moins de neige, la température à l’intérieur des terriers peut chuter, obligeant les marmottes, en particulier les femelles, à dépenser plus d’énergie pour se maintenir au chaud. Cela signifie qu’elles sortent de l’hibernation plus faibles et avec un poids inférieur, ce qui peut entraîner des portées plus petites.
À long terme, cette situation pourrait entraîner une diminution des populations de marmottes dans les Alpes, même si, pour l’instant, l’espèce est encore en bon état dans l’ensemble de son aire de répartition. Les scientifiques surveillent de près l’évolution de cette situation, mais il est encore trop tôt pour dire avec certitude si la marmotte sera gravement affectée par le réchauffement climatique ou si elle trouvera des moyens de s’adapter.
Conclusion
En résumé, la chasse à la marmotte, bien que surprenante pour certains, s’inscrit dans une longue tradition culturelle dans les Alpes, où l’animal a été chassé pour sa fourrure, sa viande et ses propriétés médicinales. Aujourd’hui, cette pratique persiste mais reste marginale, encadrée par des régulations strictes et limitée à certaines régions. Bien que la marmotte ne soit pas encore une espèce menacée, les effets du changement climatique pourraient à terme avoir un impact sur ses populations, rendant son avenir incertain.
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