Simone de Beauvoir, figure emblématique du féminisme et de la philosophie, a eu une vie fascinante, remplie d’idées révolutionnaires et d’un amour intense avec Jean-Paul Sartre. Mais l’un des aspects les plus intrigants de leur relation est le surnom affectueux que Sartre lui a donné : “le Castor”. Ce sobriquet soulève de nombreuses questions : comment est-il né ? Que symbolise-t-il ? Dans cet article, nous allons plonger dans l’univers de Simone de Beauvoir, explorer l’origine de ce surnom, et examiner la dynamique de sa relation avec Sartre à travers leurs correspondances.
L’Origine du Surnom de Castor
Une Naissance Ludique
L’histoire du surnom de Simone de Beauvoir commence dans ses souvenirs, dans le premier volume de Mémoires d’une jeune fille rangée. C’est à l’âge de 21 ans, alors qu’elle étudie à la Sorbonne, qu’elle hérite de ce sobriquet. Un camarade de classe, René Maheu, fait un jeu de mots en notant que “Beauvoir” se prononce comme “beaver” en anglais, qui signifie “castor”. Cette découverte innocente s’est rapidement transformée en un surnom affectueux au sein de son entourage. “Vous êtes un castor,” déclare son ami, soulignant que, tout comme cet animal, Simone est travailleuse et créative.
Le Symbolisme du Castor
Le castor, connu pour son ingéniosité, ses compétences de constructeur et son esprit de coopération, résonne parfaitement avec la personnalité de Beauvoir. Les castors construisent des barrages complexes et des huttes dans un effort collectif, ce qui pourrait symboliser la manière dont Simone et Sartre ont construit leur relation, fondée sur une collaboration intellectuelle et une liberté d’expression.
La Rencontre avec Jean-Paul Sartre
Une Connexion Instantanée
En 1929, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre se rencontrent sur les bancs de la Sorbonne, et leur histoire d’amour commence sur une base intellectuelle solide. Tous deux brillants, ils s’engagent dans une relation libre qui durera plus de cinquante ans, définie par une profondeur d’esprit et une affection sincère. Leur relation est souvent perçue comme une fusion de deux esprits indépendants, chacun nourrissant l’autre à travers des échanges intellectuels.
Les Lettres de l’Amour
La correspondance entre Sartre et Beauvoir est vaste et riche. Dans ses lettres, Sartre commence souvent par des termes affectueux, comme “Mon doux Castor”. Ces échanges, pleins de tendresse, montrent la profondeur de leurs sentiments l’un pour l’autre. Par exemple, en 1930, Sartre écrit : “Voilà un petit mot tendre mais tout gratuit pour vous dire que je vous aime de tout mon cœur.” Cette manière d’exprimer son affection témoigne de l’importance de leur lien, tant sur le plan personnel qu’intellectuel.
Les Lettres au Castor
Un Oeuvre Révélatrice
Les lettres échangées entre Sartre et Beauvoir sont non seulement des témoignages d’amour, mais aussi une réflexion sur leur vie quotidienne, leurs idées politiques et philosophiques, et les défis qu’ils ont rencontrés. En 1974, Sartre décrit ses lettres comme une “transcription de la vie immédiate”, révélant à quel point ces écrits sont précieux pour comprendre leur monde.
Des Sujets Variés
Dans leurs correspondances, ils abordent des thèmes variés allant de la philosophie à la politique, mais aussi des aspects plus intimes de leur vie. Sartre parle de sa captivité en Allemagne, de ses réflexions sur la liberté, et même de ses relations avec d’autres femmes. Ce dernier point soulève des questions sur leur relation ouverte, une dynamique que Beauvoir a toujours acceptée tout en restant la muse de Sartre.
La Réaction à la Publication des Lettres
Une Controverse Éclatante
Lorsque les lettres de Sartre sont publiées en 1983, elles provoquent un choc dans la société. À une époque où les relations ouvertes n’étaient pas encore acceptées, les descriptions détaillées de ses aventures amoureuses dans les lettres sont perçues comme provocatrices. L’union libre de Sartre et Beauvoir, exposée sans retenue, soulève des débats sur la moralité et les normes sociales de l’époque.
Les Lettres de Beauvoir
Trois ans après la mort de Sartre, Beauvoir publie ses réponses sous le titre Lettres à Sartre. Ces lettres, qu’elle n’avait jamais envoyées, révèlent ses manigances pour maintenir sa position de favorite dans la vie de Sartre. Elle aborde les autres femmes dans sa vie, les surnommant de manière amusante, et montre une facette plus complexe de leur relation. Ces écrits, avec leur mélange de passion et de rivalité, rendent leur histoire d’amour encore plus captivante.
L’Identité du Castor
Une Femme de Pouvoir
Simone de Beauvoir, en acceptant ce surnom, incarne l’esprit du castor : une créatrice, une bâtisseuse. Sa contribution à la philosophie et au féminisme est immense. Elle défend les droits des femmes et remet en question les structures patriarcales à travers ses écrits. Dans Le Deuxième Sexe, elle explore la condition féminine, ouvrant la voie à des générations de féministes.
Un Modèle de Résilience
Beauvoir est également une figure de résilience. Malgré les défis qu’elle a rencontrés dans sa vie personnelle et professionnelle, elle reste un symbole de force. Son choix de vivre une relation libre avec Sartre, tout en maintenant sa propre identité et ses ambitions, montre une détermination à ne pas se laisser définir par les attentes sociétales.
Conclusion
Simone de Beauvoir, surnommée affectueusement “le Castor”, incarne une femme d’une intelligence remarquable et d’une passion pour la vie. Son histoire avec Jean-Paul Sartre, pleine de nuances et de complexités, continue d’inspirer et de susciter des réflexions sur l’amour, la liberté, et le féminisme. Leur correspondance, révélant des détails intimes et des idées profondes, reste une fenêtre fascinante sur leur monde. En explorant ces lettres, nous découvrons non seulement leur amour, mais aussi leur engagement envers des idéaux qui résonnent encore aujourd’hui. L’héritage de Beauvoir est indéniable, et son surnom de Castor est un symbole de son esprit bâtisseur et de sa quête de liberté.